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ANNALES DE GÉOGRAPHIE

bules, etc. L’espace étant restreint, les maisons s’étagent à une hauteur démesurée… Les beaux parcs, avec la vue illimitée de l’Océan, la fraîcheur de la brise marine, l’absence de toute fumée et du bruit des voitures, tout cela donne à Cadix un charme enchanteur… Du large môle de granit, on embrasse d’un coup d’œil la ville imposante du côté du Nord, avec ses manoirs qui dominent la Muralla Real… La vieille cathédrale se nomme Santa Cruz sobra las Aguas, parce que la seule source de Cadix jaillit sous son maître-autel.

« Quand on traversait les ports extérieurs[1], au nombre de trois, — dit Platon, — on trouvait un rempart circulaire commençant à la mer et partout distant de cinquante stades de l’enceinte la plus vaste[2]. Ce rempart était tout entier couvert de maisons nombreuses et pressées les unes contre les autres… On avait aménagé des temples nombreux pour beaucoup de dieux, force jardins et force gymnases… »

Du haut de la Torre de Vigia (haute de 31 m.), située au point culminant de l’île (12 m.), on a, — poursuit le Daedeker, — une vue illimitée sur l’Océan, la baie de Cadix et la terre ferme, de Rota à Chiclana et Médina Sidonia ; au fond, le Cerro de San Cristobal et la Sierra de los Gazules… Ce Cerro et cette Sierra couverte de bois sont à plus de cent kilomètres, à vol d’oiseau, dans le Nord et l’Est.

Au pied des montagnes et abritées par elles contre les vents du Nord, se déroulent les plaines maritimes du Guadalquivir et du Guadalété, que sillonnent les bras de fleuve et les canaux d’irrigation :

Tout le terrain autour de la ville, — dit Platon, — était plat : cette plaine entourait la ville et était elle-même encerclée de montagnes qui se prolongeaient jusqu’à la mer… Cette plaine était orientée vers le Sud et à l’abri des vents du Nord. On vantait les montagnes qui l’entouraient et qui dépassaient en nombre, en grandeur et en beauté toutes celles qui existent aujourd’hui. Il y avait dans ces montagnes de nombreux villages riches en habitants, des fleuves, des lacs, des prairies capables de nourrir quantité de bêtes sauvages et domestiques, des forêts en si grand nombre et d’essences si variées qu’elles donnaient en abondance des matériaux propres à tous les travaux possibles.

Pour chacun de ces mots, Strabon (III, 2, 4-6) fournirait un commentaire dans l’éloge qu’il fait des plaines et des montagnes des Turdétans et des Bastétans, de leurs champs de blé, de leurs olivettes, de leurs vignobles (c’est aujourd’hui le pays de Jerez, « la troisième ville de l’Espagne pour sa richesse »), de leurs bois de construction, de leurs troupeaux, de leurs chasses sans fauves, de leurs pêcheries[3], etc.

  1. Pour ces ports intérieurs et extérieurs, H. Borchardt a peut-être raison de rappeler les ports de Carthage, les uns à l’entour de la presqu’île, l’autre, de forme circulaire, au milieu de la ville, relié à la mer par un canal (Petermanns Mitteil, 1927, p. 19 et suiv.).
  2. Dans sa description de Cadix, dont je ne saurais trop recommander la lecture à tous ceux qu’intéresse la question Gadès-Tartessos, le P. Labat parle des assauts et conquêtes de la mer sur le rocher et les glacis de la muraille ; il donne un inventaire des ports de Cadix, que l’on pourrait rapprocher du texte de Platon.
  3. Sur ceci, voir A. Schulten, Avieni…, p. 87 et 96-97.