Comme on se retrouve tout de même ! Tu es donc mariée ? tu as donc épousé un sénateur ?
Non, je ne suis pas mariée. Parlons de vous, mes amies ; qu’êtes-vous devenues depuis que nous nous sommes perdues de vue ?
Moi, j’ai fait un héritage, je suis propriétaire. Tu es dans mon immeuble ! La maison, la terre, les arbres, les fleurs, tout est a moi, et je viens d’arroser mes propres haricots.
Et toi, Cerise ?
Oh ! moi, je suis riche : j’ai mille francs de dot, et je me marie avec un brave garçon que j’aime de tout mon cœur.
Allons ! je vois que vous avez eu du bonheur toutes les deux : tant mieux.
Eh bien, et toi donc ! si, comme on le dit, la vie est une loterie, tu as gagné le gros lot.
Oui ! j’ai une voiture, un hôtel, des cachemires… des diamants… au bois, mon attelage est le plus beau, ma livrée la plus élégante… enfin, je suis riche… très-riche…
C’est drôle ! tu n’as pas pu hériter de la famille, car la famille ne se composait que d’un vieil oncle qui était rétameur !
Non ! je n’ai pas hérité.
Alors, comment as-tu gagné tout cela ?
On m’a tout donné.
Donné ?
Ça m’a coûté cher !… Quand vous sortez, vous autres, avec vos petites robes et vos petits bonnets, personne n’a le droit de vous montrer au doigt. On dit de toi, Cerise : « C’est made-