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nous alléger en recevant à leur bord quelques individus ; il s’adressa à l’officier de marine qui avait la direction du grand canot. Cette prière devait d’autant mieux être accueillie que, dans la confusion de rembarquement général, ce grand canot avait été le moins chargé, et n’aurait couru aucun risque en recevant trois ou quatre hommes de plus.

Espiaux reçut un refus formel ; les autres embarcations, qui craignirent une pareille demande, gagnèrent le large et s’éloignèrent du radeau, qui fut alors privé de tout secours.

Loin d’imiter une pareille conduite, nous nous dirigeâmes vers le radeau, afin d’engager les embarcations qui fuyaient à revenir sur leurs pas. Notre exemple ne fut point suivi ; il ne nous resta qu’un seul parti à prendre. La chaloupe, dans l’état de délabrement où elle se trouvait, ne pouvait être d’aucune utilité aux malheureux abandonnes sur le radeau ; au lieu de partager leur sort par une générosité mal entendue, nous cherchâmes à améliorer le nôtre, et nous primes la route de l’est pour toucher à la terre la plus voisine.