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craindre, ne s’éloigna pas de la côte, et la tint toujours à douze ou quinze lieues.

Dans la soirée du 1er au 2 juillet, vers les huit heures, il ordonna de mettre en panne, et üt jeter le plomb de sonde, on trouva de quatre-vingts à quatre-vingt-dix brasses d’eau, avec un fond de sable mêlé d’argile. Cette découverte, au lieu d’inspirer de la défiance au Capitaine, ne lit qu’accroître sa sécurité. Le matin, vers les trois heures, j’étais île garde sur le pont ; j’aperçus, à une distance approximative de deux lieues, un feu qui brillait à tribord ; j’en fis de suite la remarque à l’officier de quart, M. Reynaud, celui-ci reconnut la corvette l’Écho, avant un fanal à l’extrémité de son mât d’artimont. Bientôt après, la corvette brûla des amorces et lança des fusées. Tous ces signaux qui avaient pour but de nous indiquer le danger, n’obtinrent aucun résultat ; l’officier de quart se contenta de mettre un fanal au mât de misaine, il avertit, me dit-il, le Capitaine, mais je n’aperçus point ce dernier sur le pont. Les feux cessèrent et le danger continua.

L’Echo voyant noire entêtement, nous abandonna, et nous le perdîmes de vue pour toujours. Malgré mon ignorance dans l’art nautique, j’observais avec surprise notre changement île position, relativement à la corvette ; le soir à huit heures, nous l’avions laissée à babord, et lors de l’apparition des feux elle