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huit heures chez Madame Anderson, où demeuraient alors Mathieu et Gagnon qu’ils trouvèrent à la maison. Ils burent ensemble, et une conversation à demi-voix s’engagea entre Cambray, Mathieu et Gagnon. Tandis que Madame Anderson était dans une autre chambre, ces deux derniers sortirent et revinrent un instant après avec un levier. Alors ils sortirent tous ensemble et se dirigèrent vers l’esplanade, après avoir passé la porte St. Louis. Ce ne fut que lors qu’ils arrivèrent près de la Chapelle qu’il fut résolu entr’eux de la voler. Il y avait alors quelqu’un près de là, ce qui les empêcha de s’y arrêter ; ils se dirigèrent vers la porte St. Jean et revinrent au même lieu par une autre rue. Mathieu et Gagnon s’approchèrent de la porte de l’Église, et y travaillèrent pendant quelque temps.

Quand la porte fût forcée, l’un d’eux s’approchant de Cambray et de Waterworth, leur dit : « maintenant que la porte est ouverte, vous pouvez venir. » Le témoin vit alors qu’on avait enfoncé une demi-fenêtre au-dessus de la porte, de manière à permettre à un homme d’y passer. Il pense qu’un des deux s’introduisit dans l’Église par cette ouverture et ouvrit la porte. Mathieu et les deux autres entrèrent, laissant Waterworth en sentinelle, pour donner l’alarme s’ils étaient découverts, ou terrasser à coup de bâton quiconque passerait seul. Les trois autres restèrent dans l’Église près de trois quarts d’heure. Ils avoient allumé une chandelle au moyen d’allumettes phosphoriques que Cambray avait achetées chez Sims. Quand ils sortirent, ils portaient ce qu’ils avaient enlevé dans des manteaux de femmes que Mathieu et Gagnon s’étaient procurés et dont ils étaient couverts avant le vol. Ils retournèrent tous ensemble par le même chemin à la maison de Madame Anderson, mais craignant d’être observés, ils transportèrent chez Cambray tout ce qu’ils avaient dérobé. Ils entrèrent dans une cour reculée, et s’étant introduits dans un hangar à foin, ils allumèrent une chandelle. Ce fut alors seulement que le témoin vit les objets emportés de l’Église, parmi lesquels étaient une image de la vierge, une lampe à chaîne d’argent et une quantité de chandeliers. Il s’éleva une difficulté au sujet de l’un de ces chandeliers : doutant qu’il fût d’argent, le témoin le brisa d’un coup de hache, et vit qu’en effet il n’était pas d’argent. Ils levèrent ensuite une partie du plancher de l’étable et y cachèrent les objets volés. Gagnon et Mathieu s’en retournèrent à leur logis et le témoin resta chez Cambray qui occupait alors le bas d’une maison, rue de l’Église, à St. Rock. Quelque temps après, Cambray et sa femme étant sortis un jour, Gagnon et Mathieu vinrent demander leur part des objets volés, ou bien de l’argent. Le témoin leur donna à chacun une ou deux piastres, leur disant de s’arranger avec Cambray pour le reste.

Waterworth et Cambray décidèrent plus tard de transporter leur argenterie à Broughton, où demeurait la famille du témoin. Ils se procurèrent deux barils, dans l’un desquels ils mirent de la boisson et dans l’autre les ornemens de l’Église.