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II


Dans les vastes forêts de sapins et de hêtres
Qui recouvrent les lianes et les faîtes des monts,
Les hêtres aux troncs gris ressentent les saisons,
Qui parent tour à tour et fatiguent les êtres ;

Quand les vents printaniers des sommets sont les maîtres,
Leur bois noueux éclate en claires feuillaisons ;
Puis leur robe tombée empourpre les gazons,
Et, les pieds dans le sang, ils ont l’air de grands prêtres.

Cependant les sapins, que ne put émouvoir
Le Printemps, conservant leur pareille verdure
Forment seuls la forêt sous la longue froidure.

Ainsi dans mon amour verdit parfois l’espoir,
Mais c’est un sentiment d’un plus sombre pouvoir
Par lequel il existe et par lequel il dure.