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VI


Si l’on dressait encor, suivant l’antique rite,
Au Dieu qui favorise, au Héros qui secourt,
L’offrande par laquelle un cœur mortel s’acquitte
D’un instant fortuné, fût-il fragile et court,

Au fond de cette crique où le flot clair s’abrite,
Où pendant tout un jour s’abrita notre amour,
Je viendrais consacrer à Vénus Aphrodite
Une stèle de marbre au doux et pur contour,

Et, sous les mots votifs et la double colombe,
Je voudrais qu’on gravât mon nom auprès du tien,
Afin, lorscpie nos corps seront pris par la tombe,

Qu’il reste un souvenir de notre amour ancien,
Et que ceux qui vivront sur ce bord enchanté
Unissent nos deux noms et sachent ta beauté.