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XLIX


Parfois aux premiers temps, chère âme, où je t’aimais.
Je pensais : « Si je meurs, peut-être aimera-t-elle ?
Un jeune oiseau peut-il ne pas ouvrir son aile,
Un jeune cœur peut-il se fermer pour jamais ?

Qui donc la blâmerait, lorsque les tièdes Mais
La solliciteront vers la vie immortelle,
D’obéir à leur voix, étant robuste et belle ? »
Ainsi des plus lointains rêves je m’alarmais.

Mais maintenant je sais que je puis disparaître :
Tu ne saurais aimer, désormais, malgré moi,
Mon patient amour a pénétré ton être,

Et pour l’éternité je suis maîtire de toi ;
Car je vis dans ton cœur, ton sang et ton cerveau,
Et je te défendrais contre un amour nouveau.