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XVII


 
Ta bouche, si longtemps rebelle à mon amour,
Recevait mon baiser sans vouloir me le rendre,
Et, ne se donnant pas sans pourtant se défendre,
L’accueillait sans livrer son baiser en retour ;

Et, bien que ton regard, comme un ruisseau qui sourd,
Clairement épanchât l’aveu profond et tendre,
La caresse tremblait, sans pouvoir en descendre,
Sur ta lèvre hésitante à frémir à son tour.

Enfin, en un instant qui vint inaperçu,
Bref instant d’abandon de l’âme qui s’oublie,
Brusque instant de pitié pour l’amour qui supplie,

Ta lèvre à mon baiser prit part à son insu,
Et d’un baiser donné fit un baiser reçu.
Mais je vis dans tes yeux plus de mélancolie !