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XII


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Ah ! doux yeux résignés pour qui je fus injuste,
Et qui n’avez pas eu le premier des baisers
Qui montèrent de moi vers son visage auguste,
Pardonnez-moi doux yeux et soyez apaisés !

Mon cœur continuera de vous appartenir,
Si mes lèvres s’en vont à ses lèvres, le soir ;
Et les mystérieux retours du souvenir
Iront toujours à vous de qui me vint l’espoir.

Dans quel baiser, malgré sa brulante tendresse,
Croyez-vous que ce cœur comme à vous apparaisse ?
Il me semble parfois que je ne vis qu’en vous,

Ou que vous seuls vivez dans mon être dissous ;
Doux yeux dont j’ai mal su dissiper la tristesse,
Demeurez les amis de mon amour absous !