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VIII


 
Je te vis dans un rêve après un triste adieu :
Tu marchais dans les plis pesants et magnifiques
D’une robe en velours d’un plus céleste bleu
Que celui des glaciers ou des flots atlantiques

Quand vers l’orient clair jaillit un premier feu ;
Une gorgone d’or aux cruels yeux tragiques
L’agrafait à ton cou, mais un doux désaveu
Descendait de tes yeux azurés et pudiques ;

Derrière toi luisait une mer de lapis
Dont les flots étagés montaient comme un parvis
Vers un grand ciel limpide aux bleuâtres splendeurs ;

Tu tenais dans tes mains de frais myosotis,
Sans me dire un seul mot tu me tendis ces fleurs,
Et j’y plongeai mon front pour y cacher mes pleurs.