Page:Angellier - À l’amie perdue, 1920.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VII


 
Les coursiers emportés que l’Aurore conduit
Et qu’elle excite encore avec ses rênes d’or,
Bondissant dans le ciel d’un triomphal essor,
Galopent à travers les débris de la nuit.

L’ombre surprise et qui trop lentement s’enfuit
Roule sous leurs sabots enflammés et se tord ;
Elle saigne, écrasée ; et ce sang jusqu’au bord
Emplit le firmament qui s’illumine et luit ;

Car bientôt ces rougeurs se changent en clartés,
Et ce flot douloureux devient de la lumière.
En est-il parmi vous, ô cœurs ensanglantés

Sur lesquels a passé le Devoir votre roi,
Qui transforment ainsi leurs peines en prière,
Leurs regrets en sagesse, et leurs douleurs en foi ?