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IV


 
Lorsque le glaive d’or du matin extermine
Les débris attardés des ténèbres fuyantes,
Et que le jour, glissant dans les bois, illumine
Sous leurs rochers verdis les sources plus bruyantes,

L’impalpable bonheur dont je vis se termine :
Sitôt que les vapeurs se traînent suppliantes
Et meurent, il pâlit, fuit et se dissémine,
Evaporé parmi les ombres ondoyantes.

Car c’est un rêve, il veut la lumière indécise
Que la lune voilée et douteuse tamise
Sur les vallons baignés d’une brume bleuâtre ;

El j’y crois voir passer, chérissant ma méprise,
Une forme qui va, plus blanche que l’albâtre,
Dans de vagues bosquets de myrte et de cytise.