Page:Angellier - À l’amie perdue, 1920.djvu/195

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XVII


 
Qu’est-ce, hélas ! que l’amour d’où ne sort point l’enfant ?
Que reste-t-il de lui quand l’âge l’a fané ?
Ce qu’il reste des ors du matin triomphant,
Lorsque le soir blêmit, par la nuit entraîné.

Mais les cieux immortels qu’un trait de pourpre fend,
Rendront la jeune aurore au monde illuminé ;
De quel Levant viendra le rayon réchauffant
À l’amour qui vieillit stérile et consterné ?

Aussi nous passerons tous les deux comme un songe :
Quand l’un de nous sera dans l’Obscur où tout plonge,
Il ne restera plus pendant un court espace,

Qu’un cœur en deuil pleurant d’une secrète plainte
Le rêve évanoui, la vision éteinte,
Jusqu’à ce que lui-même anéanti s’efface.