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XV


 
Le vieil aveugle assis sur le bord de la route,
La main du même geste inutile tendue,
Répétait la chanson que personne n’écoute,
Et je faillis passer sans l’avoir entendue.

Mais un mot m’arrêta ; c’était une chanson
D’un cœur des temps jadis, maintenant en poussière,
Où ton nom revenait constamment comme un son
De pieuse, pudique et profonde prière.

Un instant j’écoutai, puis je vidai ma bourse
Dans la main du vieillard, en lui disant la cause
Afin qu’en son esprit ténébreux, où la source

Des lumineux rayons à jamais sera close,
Ton nom soit le bienfait suprême, la bonté,
Et ce qui peut le mieux remplacer la clarté.