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Mais depuis le chagrin dont mon âme est atteinte,
Mes jeux se sont ouverts : dans les cieux embrunis
L’étincelante fleur de l’azur s’est éteinte,
Et même les rayons du matin sont ternis.

Dans un monde pétri de tristesse et de crainte,
Plein de nids dévastés et de cœurs désunis,
Je vois, sous une horrible et criminelle étreinte,
Tous les êtres souffrir, injustement punis ;

Je vois que la douleur sort d’éternelles causes ;
Je vois les longs tourments trembler sous chaque joie,
Les pétales fanés dans les fleurs entr’écloses,

Et dans la fin des jours, dont la clarté flamboie,
Les triomphes sanglants et les apothéoses
De la Mort dont la Vie a préparé la proie.