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IV


 
Mouette solitaire et plaintive perdue
En tes cercles sans fin où tu sembles captive,
Quel espoir dans les airs te retient suspendue ?
Ou suis-tu quelque joie à jamais fugitive ?

Sur la crête d’un flot à peine descendue,
Tu repars. Que fuis-tu, pauvre bête craintive,
Dans ce vol incessant de ton aile éperdue,
Qui toujours se reprend et qui jamais n’arrive ?

Tout le jour, ton corps gris traverse le soleil,
Toute la nuit, ton cri, que le vent répercute,
Hante le douanier assoupi dans sa hutte ;

Tu voles d’un lent vol, toujours, toujours pareil,
Tant qu’épuisée enfin et morte dans ta chute,
Tu tombes dans la mer et l’éternel sommeil.