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II


 
Sur la colline brune, où le pâtre rappelle
À grands cris son troupeau que rassemble son chien,
Le débris écroulé d’un pauvre mur ancien
En une masse informe et sombre s’amoncelle.

Sur la crête confuse un fin arbuste grêle
Si léger qu’il paraît n’avoir pas de soutien,
Déployant en plein ciel son feuillage aérien,
Suspend au crépuscule une noire dentelle.

Cette ruine était une chaumière heureuse,
La flamme du foyer réjouissait le seuil
Quand l’homme remontait de la plage brumeuse.

Il disparut en mer ; la femme fut en deuil
Peu de mois ; les moutons s’égarent aujourd’hui
Sur ces murs où un peu de joie humaine a lui.