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XV


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Viens dans mes bras, et, mets, mets une fois encore
Tes deux bras à mon cou, ton front sur mon épaule ;
Te souvient-il, quand notre amour faillit se clore,
Que tu restas ainsi près du vieux tronc de saule ?

Mais c’était, quand l’orage en s’enfuyant se dore,
Le baiser de l’amour à l’amour qu’il console ;
Et c’est, ce soir, au bord d’une nuit sans aurore,
Le baiser de l’amour qui par amour s’immole.

Aussi je ne vois point de terme à notre épreuve,
Car elle est l’acte même et la constante preuve
De cet amour qui vit de son propre trépas,

Et qui de son chagrin se fait un diadème ;
Elle ne peut cesser que s’il cessait lui-même,
Et nous savons tous deux qu’il ne périra pas.