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I




Les marronniers mettaient leurs premiers bourgeons verts
Dans le blanc ciel d’Avril aux ombres inquiètes,
On vendait les derniers bouquets de violettes,
Le Printemps s’échappait des noirs mois entr’ouverts,

Quand les premières fois je la vis. À travers
Les dessins emmêlés de ses sombres voilettes,
Je lus, d’un seul regard, les souffrances secrètes
Et les longs désespoirs, dans ses yeux doux et fiers.

Ma pitié s’attacha par des rêves tremblants
A la triste inconnue ; et lorsque je l’aimai,
L’Été allait ouvrir le temps des fleurs écloses,

On vendait les premiers bouquets de jeunes roses,
Et dans l’azur uni du calme ciel de Mai
Les marronniers mettaient leurs derniers thyrses blancs.