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XI


3

 
L’autel où nous pensions fonder notre bonheur
Est devenu pour nous l’autel du sacrifice.
Faut-il, accomplissant un redoutable office,
Que nous venions verser, sous la même pâleur,

Le sang de nos deux cœurs dans le même calice,
Présenter sur ce marbre une même douleur,
Et le frapper de fronts baignés de la sueur
De la suprême angoisse et du dernier supplice !

Devant ce Christ d’argent qui dans l’ombre étincelle,
Comme un rayon lunaire au fond d’un firmament
Qu’envahit peu à peu la mort universelle,

Viens donc, ô pauvre femme, échanger le serment.
Le baiser héroïque et déchirant qui scelle
Cet hymen des adieux et du renoncement.