Page:Angellier - À l’amie perdue, 1920.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

IX


1

 
Dans la petite église où vont les matelots,
Qui, sur son monticule, ouvre ses deux portiques,
L’un vers la route en pente, et l’autre vers l’enclos
Où croissent des fenouils sur les tombes rustiques,

Dans la petite église où le grand bruit des flots
Entre avec la rafale et se mêle aux cantiques,
Où les femmes en deuil apportent leurs sanglots,
Quand la mer se tordant en ses fureurs iniques

À brisé quelque barque et fait des orphelins,
Dans la petite église où les embruns salins
Ont rongé les anciens bénitiers de la porte,

Tu rêvais que tous deux nous viendrions un jour,
Presque seuls, consacrer simplement notre amour,
Pauvre rêve aujourd’hui moins qu’une feuille morte !