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IV


2

 
Mais je n’oserais pas te parler de ce rêve !
Mon cœur, même à l’instant qu’il semble s’en bercer,
Le rejette et le brise avant qu’il ne l’achève,
Indigné d’avoir pu seulement le penser.

Puis-je te demander, hélas ! sans offenser
Cet amour qui n’est grand que parce qu’il élève
Nos deux esprits unis, heureux de surpasser
Ce qu’ils auraient été sans sa puissante sève,

Puis-je te demander d’oublier la maison
Où tes enfants en pleurs chercheraient ta présence,
Et grandiraient pâlis par ton long abandon,

Jusqu’à ce que, troublés dans leur jeune innocence,
Devinant vaguement ce qu’ignore l’enfance,
Ils cessent brusquement de prononcer ton nom ?