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II


 
Nous sentons sous nos pieds s’abîmer notre espoir,
Comme ces voyageurs perdus sur la banquise
Qui, sous l’accablement de l’hiver morne et noir,
Dans l’étreinte du gel reste immobile et grise ;

Puis, un jour, on la voit tout à coup se mouvoir,
Sa masse, lentement, comme un cristal s’irise ;
Elle luit sur les mers ainsi qu’un reposoir ;
Ses flancs, plus diaprés que des vitraux d’église,

De pourpres, de roseurs, et d’azurs étincellent,
Tandis que des frissons d’argent clair qui ruissellent,
Passant sur ces couleurs, en mélangent les feux.

Mais ce rayonnement l’affaiblit et la mine ;
Elle fond en voguant vers le sud radieux,
Et périt du soleil dont elle s’illumine.