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Lorsqu’après de longs mois qui nous ont séparés,
Nous sommes réunis pour quelques heures brèves,
Soit dans les bois déserts par l’automne empourprés,
Ou sur le triste bord abandonné des grèves,

Tu veux, dans ces instants longuement espérés,
Et dans ces fleurs du Temps qui sont de courtes trêves
Sur la fuite des jours par l’exil dévorés,
Tu veux, dans ces instants qu’ont tant rêvés nos rêves,

Que je dise ma vie et que je te raconte
Quel espoir me soutient, quel effort je surmonte,
Quel travail ont repris mes soirs laborieux.

Que m’importe ma vie et ses morceaux brisés ?
Que veux-tu que je voie en dehors de tes yeux,
Quels mots veux-tu que j’aie autres que des baisers ?