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III


Ferme le livre, amie, où nous venons de lire ;
Nos cœurs sont jusqu’aux bords emplis de sa beauté,
Qui consacre un amour longuement tourmenté,
Et dans nos deux esprits frémit la même lyre.

La douceur de ces vers dans ce doux soir respire,
Soir de mélancolie et de sérénité,
Tendu de lilas pâle et d’azur argenté ;
La même flamme en nous brûle comme une myrrhe.

Viens, marchons du côté où le soleil s’abaisse
Voilé par des vapeurs ainsi qu’un ostensoir ;
Il va dans ce beau ciel mourir avec noblesse.

Comme un cœur qu’un devoir fier et douloureux blesse
Ainsi saignent nos cœurs ! Viens, allons nous asseoir
Dans les prés veloutés par les rayons du soir.