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I


Comme aujourd’hui la mer est belle et délicate !
Elle fut, tout le jour, vaporeuse et nacrée,
Avec de grands frissons de lumière dorée,
Sous un ciel d’un gris fin, veiné comme une agate ;

Puis ce ciel s’est ouvert d’une fente écarlate,
Et la pensive mer qui devenait cendrée
D’une pourpre lueur soudain s’est colorée,
Douce lueur où tout caresse et rien n’éclate ;

Dans les pays divins par delà le soleil,
On donne quelque noble et merveilleuse fête,
D’où s’échappe un rayon si mollement vermeil

Qui vient éparpiller des roses sur le faîte
De tous ces flots bercés d’un lumineux sommeil.
Ah ! si de jours pareils notre vie était faite !