Page:Angellier - À l’amie perdue, 1920.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VI


3

Sur la soie écarlate et pourpre des coussins,
Où des corps enlacés qu’un trait sobre découpe
Se suivaient en lascifs et délicats dessins,
D’autres femmes étaient assises en un groupe,

Tels ceux que les marins regardaient de la poupe
Jouer dans les flots verts en dangereux essains.
Ces femmes se passaient une admirable coupe
D’un contour moins parfait que celui de leurs seins.

Et l’une, se dressant dans sa robe de gaze
Qui ne voilait sa chair qu’à l’endroit des fleurs d’or,
D’un geste sinueux où sa gorge ressort,

Eparpillant dans l’air des gouttes de topaze,
Jeta le dernier vin qui restait dans le vase.
Suivant le rite ancien pour connaître le sort.