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I

 
Depuis les premiers mots timides et tremblants,
Et les chastes aveux approuvés des étoiles,
Jusqu’aux mots éperdus que la Beauté sans voiles
Fait jaillir mélangés à des baisers brûlants,

Des soupçons désolés aux pardons accablants,
La langue de l’Amour, tumultueuse et triste,
Est infinie ; on est un immortel artiste
Pour en avoir rendu la grâce ou les élans.

Nul poète à lui seul ne la possède entière,
Tendre, mélancolique, âpre, farouche, fière,
Des aveux alanguis faits pour durer toujours

Aux paroles de feu brèves et bondissantes,
Du soupir caressant des passions naissantes
Au grand cri de douleur qui clôt tous les amours.