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VIII


1

Que le matin est long dans la blanche bourgade
Où je l’attends enfin après un an d’exil !
Je traîne impatient ma lente promenade ;
J’ai longé maint jardin, maint clos et maint courtil ;

J’ai contemplé l’église à la vieille façade
Où la pierre s’enroule en gothique tortil,
Et le petit hôtel de ville avec l’arcade
Et le beffroi d’ardoise au très leger profil ;

Je sens les paysans m’observer, étonnés
De voir cet étranger qui passe et qui repasse ;
Cent fois j’ai regardé l’horloge de la place ;

Mon cœur anxieux bat à coups passionnés ;
Dois-je sur mes chagrins mettre encor ce déboire ?
Ah ! la voici qui vient en grande mante noire !