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les se succédent toûjours les unes aux autres, il est certain qu’elles boucheront les conduits des fibres à un tel point, que les esprits animaux, quelque abondans qu’ils soient, n’y trouveront plus d’entrée, & que les nerfs engourdis ne pourront plus être réveillés. Aussi la plûpart des jeunes gens, qui prennent trop de Tabac, sont attaqués de tremblemens dès leur jeunesse même, Leurs mains mal assurées, n’agissent plus avec la même vigueur ; leurs pieds chancelans semblent se refuser au fardeau du corps ; les parties nobles se flétrissent, les fibres spirales du cœur n’ont presque plus de jeu, ou ne jouent que par saillies ; la tissure & la trame des parties se déchire, ou se relâche ; la machine vivante se détruit ainsi peu à peu ; son mouvement, sans lequel elle ne peut subsister, s’affoiblit de plus en plus, en sorte que la mort, qui sans l’usage fréquent du Tabac, auroit été moins prompte, vient d’un pas précipité, terminer une vie qui ne fait que de commencer. Donc le fréquent usage du Tabac abrége la vie.