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endroits du corps les plus reculés. Quels assauts ne souffrent point ceux qui commencent à fumer ? Je ne sçai quel venin secret se fait aussitôt sentir au-dedans : l’estomac est ébranlé par des nausées, renversé par des vomissemens ; le cerveau est attaqué de vertiges, la tête devient chancelante, les yeux obscurcis ne peignent plus d’autre image que celle de la mort, le corps gémit sous divers accès de chaud & de froid ; le cœur presque sans action, refuse aux parties le sang & les esprits, dont elles ont besoin ; & ce qu’il y a de plus déplorable, la mémoire, ce précieux trésor, est le premier bien que la fumée du Tabac enleve à l’homme ; de sorte que, pour être initié à ces noirs mysteres, il faut commencer d’abord par sacrifier l’usage de ses sens & de sa raison.

Si après s’être réveillé d’un tel assoupissement, on considéroit combien tous ces ravages sont capables d’altérer les principes de la vie, il n’est personne sans doute, en qui le désir de vivre ne l’emportât sur la