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propres mœurs ; elle hâta le trépas de ces nouveaux Maîtres, par le don qu’elle leur fit de la maladie vénérienne, & d’une pernicieuse plante, qui la vangerent bientôt de la servitude & de la mort de ses habitans. Cette plante, qu’il seroit à souhaiter qui fût toûjours demeurée inconnue, est appellée dans le pays Picielt & Petun, & en Espagne, Tabac. Elle fut apportée par une flote Espagnole, qui amena en même temps une troupe de gens attaqués d’une maladie honteuse. Cette flote répandit donc malheureusement deux sortes de maux sur nos Terres, & l’Europe vit aussi-tôt fondre sur elle une foule de maladies, qu’elle n’avoit point encore connues. Le Tabac, dont la graine fut envoyée de Portugal par les soins de Nicot, Ambassadeur de François II. & depuis semée sous le nom de Nicotiane, crut aussi facilement dans notre climat, que la jeunesse Françoise, si docile au mal, fut prompte à en abuser. Cette herbe, si l’on en examine la feuille & la racine, ressemble assez bien à la petite jusquiame ;