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prouver que la moelle a du sentiment ; mais il suffit d’exposer ces expériences, pour faire connoître qu’elles ne prouvent nullement ce qu’on en conclut. On dit premierement, & on le dit avec vérité, qu’en voyant panser ceux qui ont perdu un bras ou une jambe, on s’apperçoit qu’aussi-tôt que la moëlle est rudement touchée, les Malades donnent des marques d’une nouvelle douleur. Secondement, que si on fait scier l’os de la cuisse d’un Animal vivant, qu’on mette le bout de l’os entierement à nud, & qu’ensuite après avoir attendu que l’Animal ne crie plus, on lui plonge un stilet dans la moëlle, alors l’Animal donne des signes d’une très-vive douleur. Cette derniere expérience a été faite dans l’Académie Royale des Sciences ; mais il est facile de voir que si l’Animal crie si fort quand on touche rudement la moëlle, ou qu’on y enfonce un stilet, c’est qu’en même temps on touche & on pique le tissu membraneux & vésiculaire qui renferme cette moëlle, & qui a un sentiment très-vif.