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les yeux qu’il se produit des Vers dans les premières voyes de notre corps, donne atteinte au systéme de la Trituration ? Comment en effet, lorsqu’on fait réfléxion à la production de ces animaux en nous, voulez-vous que l’on conçoive que l’estomac & les intestins aidés du diaphragme & des muscles du bas-ventre, broyent avec tant de force ce qu’ils renferment, que cette force aille à plus de deux cent soixante un mille cent quatre-vingt-six livres, comme le prétend Mr Hecquet. Dites-moi, je vous prie, si de foibles Vers contenus dans le bas-ventre, peuvent résister à une telle force.

Les coctions qui s’accomplissent dans nos corps, viennent, selon les Triturans, d’un broyement continuel qui fait tout. Ce broyement, disent-ils avec Mr Hecquet, commence dans la bouche par la rencontre des mâchoires, se continue dans l’ésophage & s’augmente dans l’estomac : là, comme dans un muscle creux, les alimens sont paitris & dissouts tant par la force extraordinaire & multipliée des fibres motrices qui agitent & meuvent ce viscére, que par l’action des muscles voisins, sur-tout de ceux du bas-ventre & du diaphragme, qui tous ensemble foulent & broyent les alimens au point de les réduire en une crême aussi fine que celle qui se forme sous la pierre de porphyre. Quelle bonne contenance voudriez-vous que fissent des Vers dans un lieu comme celui-là, où ils doivent être si mal à leur aise ? La force seule de l’estomac, selon ces Médecins, surpasse de beaucoup celle des mâchoires : une force si surprenante