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que ce que les petites aiguilles du vinaigre font sur un corps dur, les dents fines & pointues d’un Ver, l’y puissent faire ? Qu’y a-t-il de plus foible, en apparence, qu’une petite goutte de liqueur à l’égard d’un corps solide comme la pierre ? Or pourquoi ce qu’une goutte de liqueur, par le mouvement de ses particules tranchantes, est capable de faire sur un corps solide, une petite machine animée comme le Ver, ne l’y pourra-t-elle pas faire, supposé que cette machine ait des dents d’une finesse, & d’une figure propre à s’insinuer entre les parties de ces corps ? ajoutons que la plûpart des Insectes ont une salive corrosive, qu’ils répandent sur tout ce qu’ils touchent, & par le moyen de laquelle ils viennent à bout de résoudre des matières extrêmement dures, jusques-là même, qu’à la Chine (c’est un fait avéré)[1] il y a des Fourmis, qui percent en une nuit des portes de cabinets & d’armoires, & qui rongent même le cuivre, l’argent,

  1. Mémoire du Pere le Comte Jésuite, sur l’état présent de la Chine.