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corps de l’animal, il eût compris aisément que cette génération étoit impossible, & qu’avant que l’animal puisse mouvoir ou sa tête ou ses pieds, il faut que son corps soit, sinon parfait, du moins achevé. Car on sçait bien qu’il y a des corps imparfaits qui viennent au monde manquant de quelque partie, & qui ne laissent pas de vivre & de se mouvoir ; on voit des personnes sans bras, d’autres sans pieds, d’autres sans doigts, &c. on voit des Chiens n’avoir que deux pates ; mais comme ces corps sont ainsi de naissance, je dis qu’ils sont achevés & non parfaits.

Ce qu’on allégue ordinairement des Grenoüilles, qu’elles se produisent de la pluye, & ce qu’on dit des Macreuses, qu’elles s’engendrent du bois pourris des vieux vaisseaux, seroit favorable à ces Philosophes, s’il étoit vrai. Il tombe quelquefois de petites Grenoüilles avec la pluye, lorsqu’il fait de l’orage ; mais il ne s’ensuit pas qu’elles soient engendrées de la pluye : la tempête peut enlever ces Grenoüilles nouvellement écloses, & la pluye mêlée avec la poussière, leur servir de nourriture, les enfler, les grossir &