secondes créent seules l’ordre de l’univers. Les matières s’ordonnent, sans finalité, selon les lois prescrites par la mécanique. Point de vue tout artiste, dira Nietzsche. Chez Anaxagore, le vouloir qui meut le monde, l’a mis en branle par une sorte de jeu, comme un artisan fait jouer une machine construite par lui. Il se satisfait du spectacle et trouve que la vie vaut d’être vécue, si elle est consacrée à contempler le ciel et l’ordre du Cosmos.
Peut-être Nietzsche, dans sa préoccupation intellectualiste, ne fait-il pas assez grande la part de la religiosité immanente aux systèmes de ces premiers physiciens. Il les pousse trop vers le mécanisme moderne. Il oublie que la a participation de toutes choses à toutes » est une doctrine magique. Un sentiment mystique de la vie pénètre cette philosophie, pour qui les plantes se réjouissent quand elles croissent, et s’attristent quand leurs feuilles tombent[1]. Le Νοῦς ne peut être conçu comme principe du monde que si l’intelligence gouverne les hommes.
Nietzsche n’a pas pu reprendre, après la Psyché de Rohde, ses études anciennes sur Pythagore. Les fragments épars de son cours pour 1873 font valoir surtout les mérites physiques de la doctrine. Cette théorie pythagoricienne, pour laquelle les dernières causes des différences entre les objets sensibles sont leurs dimensions géométriques et leurs proportions numériques, n’est-elle pas une ébauche de notre physique mathématique ? Et qu’est-ce que notre chimie, si ce n’est une combinaison du pythagorisme avec l’atomisme de Démocrite[2] ? On voit la préoccupation de Nietzsche : ce qui lui importe, en 1873, c’est de montrer comment la philosophie grecque se