Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et commença à raconter d’où il venait et comment il avait passé son temps depuis tout un mois.

« J’arrive, dit-il de la mer polaire ; j’ai séjourné dans le pays des ours avec les Russes qui pêchent les morses. Je m’étais endormi sur le gouvernail lorsqu’ils doublèrent le cap Nord. Parfois, à mon réveil, l’oiseau des tempêtes passait sous mes jambes : c’est un oiseau bien bizarre, qui donne un coup d’aile rapide, se lance en avant et puis reste étendu sans mouvement.

— Épargne-nous les détails, dit la mère, et parle-nous du pays des ours.

— C’est un pays magnifique ; quel beau plancher pour danser ! uni comme une assiette. On y voit de la neige à moitié fondue avec un peu de mousse, des pierres aiguës et des carcasses de morses et d’ours blancs qui ressemblent à des bras et à des jambes de géants. On dirait que la chaleur du soleil n’a jamais pénétré jusque-là. Après avoir d’un souffle éloigné les brouillards, j’aperçus une maison construite avec les débris d’un navire, et couverte de peaux de morses. Sur le toit grognait un ours blanc. Puis je me rendis au rivage, où je m’amusai à regarder les nids d’oiseaux dont les petits encore nus commençaient à crier. Je soufflai à la fois dans mille de ces gosiers et leur appris ainsi à fermer le bec. Plus loin se roulaient