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étrange, et aperçut devant lui une grande caverne éclairée par un feu qui aurait pu rôtir tout un cerf ; et, en effet, attaché à la broche par les cornes, un superbe cerf y tournait lentement entre deux sapins abattus. Une femme âgée, mais grande et forte, qui ressemblait à un homme déguisé, était assise devant le feu et y jetait de temps en temps un morceau de bois.

« Approche, dit-elle, et mets-toi là pour sécher tes vêtements.

— Quel courant d’air il fait ici ! dit le prince en s’étendant à terre.

— Ce sera bien pis lorsque mes fils seront rentrés. Tu es ici dans la caverne des Vents, et mes fils sont les quatre Vents du monde. Me comprends-tu ?

— Explique toi plus clairement. Que font tes fils ?

— Il est difficile de répondre à une sotte question. Mes fils travaillent pour leur compte ; ils jouent au volant avec les nuages là-haut. »

Et elle montra le ciel.

« Bien ! dit le prince ; mais vous parlez durement, et vous n’avez pas l’air doux des femmes que j’ai connues jusqu’ici.

— C’est qu’elles n’ont pas besoin d’en prendre un autre ; quant à moi, il me faut être rude pour tenir mes garçons en respect, et je sais les domp-