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ne savait pas où elle voulait aller ; son unique désir était de retrouver ses frères, qui sans doute, comme elle, avaient été chassés dans le monde.

La nuit arriva bientôt. La jeune fille avait perdu son chemin ; épuisée de fatigue, elle se coucha sur le gazon moelleux, fit sa prière du soir et appuya sa tête sur un tronc d’arbre. Partout régnait un profond silence ; l’air était doux, et plus de cent vers luisants brillaient dans l’herbe et sur la mousse, comme de petits feux verdâtres. Elle toucha de sa main une branche, et ces insectes brillants tombèrent sur elle comme des étoiles filantes. Toute la nuit, Élisa rêva de ses frères, qu’elle voyait jouer comme des enfants, écrire avec leurs crayons de diamant sur des tablettes d’or et feuilleter le magnifique livre d’images qui valait la moitié du royaume. Mais, au lieu d’écrire sur les tablettes, comme autrefois, des zéros et des lignes, ils y traçaient maintenant les actions les plus courageuses, par lesquelles ils s’étaient distingués, et tout ce qu’ils avaient vu et éprouvé. Dans le livre d’images, tout était vivant : les oiseaux chantaient, et les personnages quittaient leur place pour venir parler à Élisa et à ses frères. Mais aussitôt qu’elle tournait la feuille, ils rentraient promptement dans leur cadre, pour qu’il n’y eût point de confusion dans les images.

En se réveillant, Élisa remarqua que le soleil