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qui aussitôt devint verdâtre, appela Élisa, la déshabilla et l’y plongea.

À l’instant même un des crapauds se plaça sur ses cheveux, l’autre sur son front, et le troisième sur son cœur ; mais Élisa ne parut pas s’en apercevoir. Lorsqu’elle se leva, trois fleurs rouges de pavot apparurent à la surface de l’eau. Si les animaux n’avaient pas été venimeux et embrassés par la sorcière, c’est en roses gracieuses qu’ils eussent été changés. Ils étaient devenus fleurs en touchant la tête et le cœur de la jeune fille, car elle était trop pieuse et trop innocente pour que la magie pût exercer sur elle aucune influence.

La méchante reine, voyant ses maléfices impuissants, se mit à frotter la jeune fille avec du jus de noix, ce qui lui rendit la peau toute noire. Puis elle enduisit son charmant visage d’un onguent fétide et embrouilla sa belle chevelure, de sorte qu’il était impossible de la reconnaître.

Aussi son père, en la voyant, s’effraya et dit que ce n’était pas là sa fille. Il n’y avait personne qui la reconnût, excepté le chien de garde et les hirondelles ; mais que pouvaient dire en sa faveur ces pauvres animaux ?

Alors Élisa pleura et pensa à ses onze frères qui tous étaient absents. Profondément affligée, elle s’échappa du château, traversa les champs et les marais, et s’enfonça dans une vaste forêt. Elle