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point d’autre joujou. Elle y fit un trou, et regarda au travers du côté du soleil. Elle crut apercevoir au loin les yeux brillants de ses frères ; et, chaque fois qu’elle sentait sur ses joues les rayons de l’astre éblouissant, c’était pour elle comme si ses frères la couvraient de baisers.

Ainsi se passa un jour après l’autre. Si le vent agitait les grandes haies de roses plantées devant la maison, il leur soufflait : « Qu’y a-t-il au monde de plus joli que vous ? » Mais les roses secouaient la tête et répondaient : « La petite Élisa. » Le dimanche, lorsque la vieille était assise devant sa porte lisant son livre de prières, le vent tournait les feuilles et disait au livre : « Qui peut être plus pieux que vous ? » Le livre de prières répondait : « La petite Élisa ; » et lui, comme les roses, disait la vérité.

Ayant atteint l’âge de quinze ans, Élisa retourna au château. La reine, voyant sa beauté, se mit fort en colère et conçut pour elle une haine terrible. Elle aurait bien voulu la changer, comme ses frères, en cygne sauvage ; mais elle ne l’osait pas encore ; car le roi avait grand désir de voir sa fille.

Le lendemain matin, la reine se rendit à la salle de bain, qui était construite de marbre, ornée de coussins moelleux et de tapis magnifiques. Là, elle prit trois crapauds, déposa un baiser sur chacun