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et qu’elle ne devînt pas un jour un peu d’écume, il fallait que le prince épousât la sirène.

« Ne m’aimes-tu pas mieux que toutes les autres ? voilà ce que semblaient dire les yeux de la pauvre petite lorsque, la prenant dans ses bras, il déposait un baiser sur son beau front.

— Certainement, répondit le prince, car tu as meilleur cœur que toutes les autres ; tu m’es plus dévouée, et tu ressembles à une jeune fille que j’ai vue un jour, mais que sans doute je ne reverrai jamais. Me trouvant sur un navire, qui fit naufrage, je fus poussé à terre par les vagues, près d’un couvent habité par plusieurs jeunes filles. La plus jeune d’entre elles me trouva sur la côte et me sauva la vie, mais je ne la vis que deux fois. Jamais, dans le monde, je ne pourrai aimer une autre qu’elle ; eh bien ! tu lui ressembles, quelquefois même tu remplaces son image dans mon âme.

— Hélas ! pensa la petite sirène, il ignore que c’est moi qui l’ai porté à travers les flots jusqu’au couvent pour le sauver. Il en aime une autre ! Cependant cette jeune fille est enfermée dans un couvent, elle ne sort jamais ; peut-être l’oubliera-t-il pour moi, pour moi qui l’aimerai et lui serai dévouée toute ma vie. »

« Le prince va épouser la charmante fille du roi voisin, dit-on un jour ; il équipe un superbe na-