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poissons ; sans quoi elle ne se serait pas fait comprendre.

« Lorsque vous aurez quinze ans, dit la grand’mère, je vous donnerai la permission de monter à la surface de la mer et de vous asseoir au clair de la lune sur des rochers, pour voir passer les grands vaisseaux et faire connaissance avec les forêts et les villes. »

L’année suivante, l’aînée des sœurs allait atteindre sa quinzième année, et comme il n’y avait qu’une année de différence entre chaque sœur, la plus jeune devait encore attendre cinq ans pour sortir du fond de la mer. Mais l’une promettait toujours à l’autre de lui faire le récit des merveilles qu’elle aurait vues à sa première sortie ; car leur grand’mère ne parlait jamais assez, et il y avait tant de choses qu’elles brûlaient de savoir !

La plus curieuse, c’était certes la plus jeune ; souvent, la nuit, elle se tenait auprès de la fenêtre ouverte, cherchant à percer de ses regards l’épaisseur de l’eau bleue que les poissons battaient de leurs nageoires et de leur queue. Elle aperçut en effet la lune et les étoiles, mais elles lui paraissaient toutes pâles et considérablement grossies par l’eau.

Lorsque quelque nuage noir les voilait, elle savait que c’était une baleine ou un navire chargé d’hommes qui nageait au-dessus d’elle. Certes,