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même effet que nous en produirait à nous toute une pelletée. Bien qu’elle s’enveloppât d’une feuille sèche, elle ne pouvait parvenir à se réchauffer ; elle allait mourir de froid.

Près de la forêt se trouvait un grand champ de blé, mais on n’y voyait que le chaume hérissant la terre gelée. Ce fut pour la pauvre petite comme une nouvelle forêt à parcourir. Toute grelottante, elle arriva à la demeure d’une souris des champs. On y entrait par un petit trou, sous les pailles ; la souris était bien logée, possédait une pièce pleine de grains, une belle cuisine et une salle à manger. La petite Poucette se présenta à la porte comme mendiante et demanda un grain d’orge, car elle n’avait rien mangé depuis deux jours.

« Pauvre petite ! répondit la vieille souris des champs, qui, au fond, avait bon cœur, viens manger avec moi dans ma chambre ; il y fait chaud. »

Puis elle se prit d’affection pour Poucette, et ajouta :

« Je te permets de passer l’hiver ici ; mais à condition que tu tiennes ma chambre bien propre, et que tu me racontes quelques jolies histoires ; je les adore. »

La petite fille accepta cette offre et n’eut pas à s’en plaindre.

« Nous allons recevoir une visite, dit un jour la vieille souris ; mon voisin a l’habitude de venir