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bientôt elle resta à une grande distance en arrière. À la fin elle descendit les ailes étendues, et son vol baissait de plus en plus ; elle fit encore quelques efforts, mais inutilement. Ses pieds touchèrent bientôt les cordages du navire ; elle glissa en bas des voiles, et boum ! se trouva sur le pont.

Le mousse la prit et la mit dans le poulailler, parmi les poulets, les canards et les dindons. La pauvre cigogne était tout interdite de se trouver au milieu d’eux.

« En voilà une gaillarde ! » dirent les poulets.

Et le coq d’Inde se gonfla autant qu’il put et demanda qui elle était. Et les canards marchaient en reculant et en se gourmant. « Qu’est-ce que c’est que ça ? qu’est-ce que c’est que ça ? »

Et la cigogne leur parla de l’Afrique brûlante, des pyramides, de l’autruche qui, semblable à un cheval sauvage, parcourt le désert. Mais les canards ne comprirent point et se gourmèrent de plus belle.

« Nous sommes probablement tous d’accord ; c’est-à-dire qu’elle est stupide !

— Sans doute, elle est extraordinairement stupide ! » dit le coq d’Inde ; et il se mit à se rengorger, en criant : Glou-ou-ou !

Alors la cigogne se tut et pensa à son Afrique.

« Vous avez là de magnifiques jambes minces ! dit le dindon. Combien les avez-vous payées l’aune ?