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lueur bizarre sur le balcon de son voisin ; toutes les fleurs brillaient comme des flammes, et, au milieu d’elles, se tenait debout une grande demoiselle svelte et charmante, qui brillait autant que les fleurs. Cette forte lumière blessa les yeux de notre homme, il se leva tout d’un coup, et alla écarter le rideau de la fenêtre pour regarder la maison d’en face : tout avait disparu. Seulement, la porte qui donnait sur le balcon était entr’ouverte, et la musique résonnait toujours. Il fallait qu’il y eût quelque sorcellerie là-dessous. Qui donc habitait là ? où était donc l’entrée ? Tout le rez-de-chaussée se composait de boutiques ; nulle part on ne voyait de corridor ni d’escalier conduisant aux étages supérieurs.

Un soir, le savant était assis sur son balcon, et, derrière lui, dans la chambre, brûlait une bougie ; il était donc tout naturel que son ombre se dessinât sur le mur du voisin. Elle se montrait entre les fleurs, et répétait tous les mouvements du savant.

« Je crois que mon ombre est la seule chose qui vive là, en face : comme elle est gentiment assise entre les fleurs, près de la porte entr’ouverte ! Elle devrait être assez fine pour entrer, regarder ce qui se passe, et venir me le raconter. Va donc ! cria-t-il en plaisantant ; montre au moins que tu sers à quelque chose ; allons ! entre. »