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la tête, filaient d’une haie à l’autre des ponts suspendus et des palais qui, couverts de rosée, illuminés par la lune, semblaient être de verre. Cela dura jusqu’au lever du soleil ; alors les petits génies entrèrent dans les boutons des fleurs, et le vent dispersa leurs ponts et leurs châteaux.

Jean sortait de la forêt, lorsqu’une forte voix d’homme cria derrière lui : « Holà ! camarade, où allons-nous ?

— À travers le monde, répondit Jean. Je n’ai ni père ni mère, je suis un pauvre garçon, mais le bon Dieu m’aidera.

— Moi aussi je vais à travers le monde, reprit l’étranger ; si tu veux, nous ferons route ensemble.

— Je le veux bien. »

Et ils continuèrent ensemble.

Bientôt ils commencèrent à s’aimer, car ils étaient bons tous les deux. Mais Jean remarqua que l’étranger était bien plus savant que lui ; il avait déjà beaucoup voyagé, et savait parler sur tout.

Le soleil était déjà haut dans le ciel, quand ils s’assirent sous un grand arbre pour déjeuner. Une vieille femme vint à passer. Elle était si vieille qu’elle marchait toute courbée, s’appuyant sur une béquille, et elle portait sur son dos un fagot qu’elle avait ramassé dans le bois. Son tablier