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« Je vais m’asseoir ici dans un coin, dit-il ; je suis fatigué, j’ai besoin de repos. »

Il s’assit donc, joignit les mains, fit sa prière du soir, et s’endormit sans y penser. Tandis que grondait le tonnerre et brillaient les éclairs, il rêvait paisiblement.

Il ne se réveilla qu’au milieu de la nuit ; le mauvais temps était passé, et à travers la fenêtre la lune jetait sa lueur jusqu’à lui. Au milieu de l’église était un cercueil ouvert avec un homme mort qu’on n’avait pas encore pu enterrer. Jean n’eut pas peur, car il avait une bonne conscience, et il savait que les morts ne peuvent rien faire ; il n’y a que les hommes vivants et méchants qui font du mal. Près du mort étaient debout deux de ces méchants vivants ; ils voulaient l’enlever du cercueil et le jeter à la porte.

« Pourquoi voulez-vous faire cela ? demanda Jean ; c’est vilain et méchant. Laissez-le dormir, au nom de Jésus.

— Quelle bêtise ! répondirent les deux mauvais hommes. Il nous a trompés, il nous doit de l’argent, et il s’est dépêché de mourir pour ne pas nous payer ; aussi nous allons nous venger et le jeter à la porte, comme un chien.

— Je ne possède que cinquante écus, dit Jean ; c’est tout mon héritage ; mais je vous les donnerai volontiers si vous voulez me promettre de laisser